mardi 17 janvier 2012

Heureux qui comme Ulysse...

... a fait un long voyage, a vu cent paysages et puis a retrouvé après maintes traversées le pays des vertes allées (Georges Brassens).

Après 15 mois de voyage en Asie, nous voici de retour en Belgique sans remord et sans regret, la mémoire remplie de paysages et l'esprit plein de rencontres et de découvertes. Alors à l'heure du bilan, que dire ? Et bien pas grand chose... On ne résume pas 15 mois de voyage comme on raconte 2 semaines de vacances ! Inutile de nous demander notre contrée préférée. L’Asie est grande, nous n'en avons vu qu'une partie, et les pays sont trop différents que pour être comparés. Inutile également de nous demander si nous nous sommes bien amusés. Bien entendu, en voyage comme en Belgique, nous tentons de profiter de la vie au maximum, mais si le but d'une semaine ou deux de vacances ou de tourisme est généralement avant tout de se faire plaisir, de se détendre et de s'amuser, la réalité du voyage est plus complexe. Le voyage, c'est avant tout la liberté, la découverte et la rencontre. C'est pour mieux connaître le monde que l'on voyage et cela nécessite souvent de payer de sa personne. Cela est d'autant plus vrai quand l'on voyage "pauvrement". Ceci dit, les difficultés et les risques rendent l'expérience d'autant plus grisante pour le voyageur qui vit librement. Au diable les sites archéologiques, les plages et l'inhumanité des villes, c'est quand la rencontre avec l'autre est possible que le voyage est réussi.

Du point de vue personnel, le voyage est réussi. Nous avons passé d'innombrables bons moments, vécu des expériences de convivialité uniques, nous avons contemplé de magnifiques et spectaculaires paysages et nous avons rencontré de très nombreuses personnes chaleureuses et bienveillantes, qui nous ont permis de mieux comprendre leur pays, leur culture et leur vie.

L'impression générale, quant à elle, est pessimiste. Claude Lévy-Strauss écrivait dans Tristes Tropiques, paru en 1955 : "Ce que vous nous montrez d'abord, voyages, c'est notre ordure lancée au visage de l'humanité". Cette citation a plus de 55 ans et malheureusement, elle n'a pas pris une ride. En prenant comme modèle le développement de l'Occident, et en se le réappropriant, les élites occidentalisées d'Asie donnent peu de chance au continent. Comme en Europe et aux États-Unis, l'Asie doit se préparer à un siècle de crises. La crise est d'abord démocratique, puis sociale, environnementale, culturelle et économique.

Un peu partout en Asie, le "développement" est rapide, et partout où il y a "développement", le continent prend le visage d'une zone maladive. Dans l'Asie moderne et "développée", les ressources de première nécessité comme l'air, l'eau et la terre sont dramatiquement dégradées, les villes deviennent inhumaines et invivables, l'environnement est systématiquement détruit et l'on confisque toujours davantage les biens communs. Dans cette Asie-là, les liens sociaux se détricotent, la culture se meurt et les inégalités entre des riches, toujours plus riches, et des pauvres, toujours plus pauvres, se creusent. Le matérialisme, le consumérisme et l'injustice sociale se répandent comme une trainée de poudre... ça fait souvent froid dans le dos !  En traversant certaines villes ou certaines plaines, on se dit souvent que ce monde-là, on n'aurait même jamais pu le cauchemardé !

Et cette Asie moderne, et bien, elle est en guerre contre l'Asie des traditions, des campagnes et de la sagesse populaire... Elle est en guerre contre l'Asie que l'on montre aux touristes et surtout contre celle qu'ils ne voient pas. Ce qui n'est pas rentable (à très court terme et pour une poignée de riches) doit disparaître... alors on fait du "développement" toujours plus loin dans les campagnes et dans les forêts, toujours plus hauts dans les montagnes... Le chef du village, le sage, la paysanne, la fermière, l'artisan, le rêveur, la cueilleuse, le chasseur, la poétesse, le berger, le père, la mère, le fils et la fille, hier encore fiers de leur existence, tous doivent ou devront aller "travailler" à l'usine et au bureau... pointer leur 8-18 du lundi au samedi pour, au mieux, pouvoir consommer ce dont hier encore ils n'avaient pas besoin, et pour, au pire, gagner un salaire de misère qui disparaîtra quand leur pays sera devenu trop cher (la Chine délocalise déjà aujourd'hui)... L'Asie fait peur, parce qu'elle illustre et caricature très bien la folie de l'humanité contemporaine.

Heureusement, en Asie comme chez nous il y a des gens pour réfléchir, s'indigner et résister... Encore une fois nous leur rendons hommage.

Tout périple a son lot de surprises et de désillusions, de joies et de déceptions, de moments difficiles et de rencontres réconfortantes... Nous en sommes conscients. Ce constat quelque peu négatif n'a donc pas altéré notre soif de découvertes, de rencontres et de voyages. Au contraire... Nous sommes prêts pour de nouvelles aventures ;-)

Enfin, au moment de clôturer ce chapitre asiatique, nous tenons à remercier nos parents et nos amis qui nous ont soutenus, et que nous retrouvons avec beaucoup de joie, et tous ceux qui ont suivi notre blog et qui nous en ont manifesté leur intérêt...

vendredi 13 janvier 2012

Les délices du sud-est asiatique...

Cette région d’Asie recèle des saveurs délicates tantôt pimentées, tantôt épicées, mais rarement monotones.  Nous, on s’est régalé ! Une fois de plus, on vous fait découvrir les plats qui nous ont enchantés.

Partout, la base de l’alimentation, c’est le riz, qu’il soit cuit à la vapeur ou collant/gluant (le préféré de Jean-Yves). Partout, on trouve de larges nouilles (de blé ou de riz) sautées. Partout, on trouve de délicieuses et énormes soupes (phó ou mi ) de nouilles de riz enrichies à la viande ou aux légumes.



Partout les plats sont agrémentes de citronnelle, gingembre, coriandre, fish sauce ou nuoc mam (une pâte de poisson très très odorante… qui ressemble à de la Nutella… ne vous fiez pas aux apparences, vous risqueriez de le regretter… ;-) ). Partout, on engloutit des légumes sautés au wok et à la sauce d’huître. Partout, on se régale de gros poissons grillés du Mékong. Partout, les grillades de viande bien grasse et parfaitement assaisonnée sur des barbecues de fortune sont à l’honneur, et partout enfin, on se délecte de délicieux fruits tropicaux. On ne s’en lasse pas ! Outre les ananas, bananes, pastèques, mangues, papayes, noix de coco, lychees et jaques, on a eu le plaisir de découvrir les longanes (espèce de lychees), les mangoustans, les tamarins, les fruits du dragon, les snakes-fruits, les ramboutans, les sapotilles, et bien d’autres encore (cette fois, on a passé notre tour avec les durians…). En salade ou plus régulièrement en jus de fruits (shake), pas de souci, on a eu notre dose de vitamines quotidienne.


Malgré tout, chaque région a ses propres spécialités :

La Thaïlande nous a permis, après le sous-continent indien, de renouer avec les curries. Pour rappel, “curry” signifie “mélange” d’épices (l’épice “curry” en tant que tel n’existe pas). Ici, ils sont verts, rouges ou jaunes, selon leurs ingrédients et la teneur en piments, et souvent préparés avec du lait de coco. L’amalgame entre la douceur du lait de coco et le relevé des piments est parfait. Les curries peuvent être de viandes, de fruits de mer, de poissons, de légumes ou de tofu. Bref, il y en a pour tous les goûts !  

En Thaïlande, on se régale aussi de tom yam, grosse soupe très épicée, ou de tom ka, soupe au lait de coco. Même si on en trouve partout en Asie du Sud-Est, on a eu un petit coup de cœur pour la papaya salad de Thaïlande. Elle est ici moins riche en fish sauce et nuoc mam  (dont on n’est pas forcement très fan). Il s’agit en réalité d’une salade de papaye verte (non mûre) râpée, de carottes et de tomates, assaisonnée de jus de citron vert, de piments (beaucoup de piments…), de cacahuètes, de coriandre, de sucre, d’ail, et…  sans doute bien d’autres ingrédients… Délicieux, frais, et très relevé à la fois... Disons que ça rafraîchit par sudation ;-)  Parfait pour les midis un peu trop ensoleillés.



Au Laos, le plat que nous retiendrons est le laap (ou larp). Cette salade froide traditionnelle laotienne est composée de viande ou de poisson haché, assaisonnée au citron vert, au piment et à la coriandre. Parfait avec du sticky rice (riz gluant).


Ici, le sticky rice se mange “nature” pour accompagner viande et légumes, ou bien sucré au lait de coco, dans des tubes de bambou.



Les Laotiens sont par nature bon vivants et très accueillants. Voilà pourquoi, nous avons eu le plaisir moult fois de partager en leur compagnie quelques verres de Lao-Lao. Cet alcool de riz traditionnel permet, malgré lui, d’outrepasser la frontière de la langue…

Et pour les amateurs de café, le plateau des Bolovens (dans le sud du Laos) produit paraît-il un des meilleurs cafés au monde… Les Laotiens le boivent fort, mais y ajoutent du concentré de lait sucré.

Au Cambodge, nous avons eu l’occasion de préparer de nos blanches mains les spécialités nationales lors d’un atelier-cuisine. Pas toujours simple d’émincer le gingembre en minuscules morceaux à la vitesse VV prime… Jean-Yves était finalement plus doué que moi… Je vous rassure, je ne me suis pas trop mal défendue dans la phase “dégustation”.


Après s’être rendu sur le marché local afin d’acheter nos ingrédients, et de nous faire expliquer quelques rudiments de la cuisine khmère, nous en avons concocté quelques plats : un amok de poisson, c'est-à-dire un curry de poisson au lait de coco cuit traditionnellement dans une feuille de bananier ; un lok lak, lamelles de bœuf marinées dans une quantité incroyable d’ingrédients différents et juste saisis au wok ; et un sauté de poulet à la citronnelle. Quel délice!


L’expérience fut instructive, amusante et rassasiante. Que demander de plus ?

Le Cambodge est réputé mondialement pour son poivre en provenance de la région de Kampot. Qu’il soit vert, rouge, blanc ou noir, ici, le poivre est de toutes les parties. Il accompagne les viandes, les poissons, le crabe, les gambas grillés et même la vodka (Jean-Yves en a un souvenir amer… heu non, pardon, il ne se souvient de rien !). Prenez un peu de poivre noir de Kampot, un soupçon de sel, et un jus de citron vert : voici la délicieuse sauce au poivre de Kampot.

Le Cambodge et le Laos, en tant qu’anciennes colonies françaises, sont des contrées où il est de coutume de manger de délicieux sandwiches-baguettes au pâté. Après ces longs mois passés sur le continent du riz, quel plaisir de déguster du bon pain à la française.


jeudi 12 janvier 2012

L'enfer Khmer rouge...

Nous l'avons déjà dit, le Cambodge a été profondément marqué par le régime des Khmers rouges. Aujourd'hui, après une décennie de stabilité politique (pas très démocratique), de reprise économique et de modernisation, les stigmates des guerres et du régime de Pol Pot sont de moins en moins visibles. Cependant, la folie des Khmers rouges fut telle qu'elle laisse encore des traces dans la société cambodgienne. Ainsi, au-delà des drames familiaux encore bien présents dans les mémoires, il est courant de rencontrer des individus mutilés : les mines posées par les Khmers rouges blessent toujours. Aussi, on croise très peu de personnes âgées au Cambodge. En 2010, on ne comptait que 3,8 % de plus de 65 ans.

Pour vous informer à propos de la vie au Cambodge sous les Khmers rouges, nous vous recommandons vivement deux récits : "Cambodge, année zéro", écrit pas François Ponchaud, missionnaire français au Cambodge en 1975, et "Tu vivras mon fils", écrit par Pin Yathay, un cambodgien et père de famille d'une trentaine d'années à l'époque, qui vivra deux ans l'enfer Khmer rouge, qui perdra les 17 membres de sa famille et qui s'enfuira finalement en Thaïlande au prix d'une échappée surhumaine. 




Le 17 avril 1975, les Khmers rouges prennent donc Phnom Penh, la capitale du Cambodge. C'est la fin d'une longue guerre civile et de la République khmère, régime pro-américain et gangréné par la corruption. Le jour de la prise de Phnom Penh, les Khmers rouges sont accueillis par une foule en liesse. La population est heureuse de savoir la guerre terminée et espère alors que le nouveau régime sera meilleur que le précédent. Cela ne durera pas plus d'une journée. Dès le lendemain, les Khmers rouges, dont on ne connaît alors pas grand chose, établissent une dictature sous laquelle tous les aspects de la vie sociale et privée sont soumis au contrôle de l'Angkar, c'est-à-dire l"organisation" révolutionnaire qui dirige le Kampuchéa démocratique. 

L'idéologie qui inspire les dirigeants Khmers rouges est une sorte de marxisme-léninisme et de maoïsme. Pro-chinois, la révolution culturelle de Mao les inspire mais les Khmers rouges veulent être plus radicaux et plus rapides encore. Ils veulent être les meilleurs "communistes" du monde, et pour eux, la fin justifiera les moyens. Notons que Pol Pot, le premier ministre du Kampuchéa démocratique, est également un admirateur d'Hitler.

Dès les premiers jours, les Khmers rouges vident toutes les villes et gros villages du pays. Phnom Penh aussi est vidée de ses 2 millions d'habitants. Les citadins sont envoyés en famille à la campagne et dans la forêt, sans rien, pour défricher et faire pousser le riz. Les anciens cadres, responsables politiques, militaires, fonctionnaires, professeurs et instituteurs sont systématiquement tués. Les moines bouddhistes doivent abandonner la robe ou sont exécutés. Tous les intellectuels, les polyglottes ou simplement ceux qui portent des lunettes sont exécutés ou parfois parqués dans des camps de rééducation. 70 % des intellectuels et des cadres cambodgiens seront ainsi éliminés.

Les Khmers rouges ferment le pays. Sur les routes de l'exode vers les campagnes, les nourrissons, les malades, les handicapés et les personnes âgées meurent par milliers. Dans les campagnes, les gens meurent  de la faim, du paludisme, de dysenterie et d'autres maladies encore. Les exécutions se poursuivent durant les 4 années du régime Khmer rouge. Pour les dirigeants du Kampuchéa démocratique, seul 1 à 2 millions de jeunes sont nécessaires à la construction du Cambodge nouveau. À l'époque, le pays compte quelques 8 millions d'habitants. Le quart de la population du Cambodge va périr dans ce qu'il convient d'appeler un "auto-génocide". Le terme a été inventé pour décrire l'action meurtrière des Khmers rouges et beaucoup vont jusqu'à dire que, toute proportion gardée, le régime de Pol Pot était pire encore que celui d'Hitler. Ainsi, le Kampuchéa démocratique est sans doute le régime le plus radical qui n'ait jamais existé. C'est le régime de la paranoïa et de la folie, une folie meurtrière sans nom que rien ne peut justifier. 

Mais comment comprendre une telle folie ? C'est difficile. Le contexte compliqué et explosif des guerres d'Indochine et de la guerre du Vietnam peuvent nous aider à comprendre comment des milliers de paysans et de jeunes ont rejoint les rangs des Khmers rouges. Dans cette tragédie aussi les responsabilités sont partagées et ni les Américains, ni le régime corrompu et violent qui a précédé celui des Khmers rouges ne peuvent être blanchis. 

Quoiqu'il en soit, la visite du Tuol Sleng (photo), cet ancien lycée de Phnom Penh transformé en prison de tortures sous les Khmers rouges, et aujourd'hui musée du crime génocidaire, est édifiante. Que dire sinon que peu importe la fin, si elle ne se trouve dans les moyens !


Kampot et Kep

Pour finir notre escapade cambodgienne en beauté et surtout pour profiter un peu du merveilleux soleil qui brille dans le ciel azur de ce magnifique pays, nous décidons de mettre le cap vers le sud. Destination : la région de Kampot et de Kep.

Les paysages du Cambodge ne sont pas, selon nous, aussi exceptionnels que ceux du Laos, et pourtant, en traversant le pays, on se laisse facilement émerveiller par la simple beauté d'une terre pleine de poésie. Ce qui marque ici, c'est l'intensité de la lumière, l'eau qui inonde tout le paysage, la couverture de rizières qui s'en va rejoindre le ciel à l'horizon, les maisons sur pilotis de-ci de-là et les innombrables palmiers à sucre qui donnent un peu d'ombre aux vaches et buffles qui ruminent dans les champs. A cette saison, juste après la récolte du riz, sous le ciel souvent bleu, tout est doré. Parfois, de gros nuages gris donnent de la gravité aux campagnes cambodgiennes...



Kampot est une ville modeste qui n'a rien de spécial mais qui distille pourtant un charme indéfinissable. La ville est paisible et on y trouve encore quelques maisons coloniales et une ambiance de sud de la France. Kampot, c'est surtout une région réputée mondialement pour son poivre. Ici, la gastronomie épouse le poivre avec envie et ne laisse pas les papilles indifférentes.

Seule manière de découvrir une région en mal de transports en commun : la moto. Nous séjournons 5 nuits à Kampot et nous visitons donc la région sur deux roues... 



et les cheveux au vent...



Le sud du Cambodge, c'est également une belle opportunité pour découvrir quelques superbes plages et îles. Ici, le développement du tourisme n'en est encore qu'à ses balbutiements, on découvre donc de magnifiques îles à la végétation luxuriante bordées de plages de sable fin et de cocotiers. De quoi prendre un peu le soleil et se baigner en toute tranquillité.



Cocotiers en pagaille...



C'est sans doute ce genre de littoral paisible et magnifique qu'ont découvert les premiers routards de Thaïlande. Aujourd'hui, il est très agréable de pouvoir encore goûter à l'authenticité de ces côtes asiatiques à peine à 200 kilomètres de la Thaïlande. Quoiqu'il en soit, les autorités cambodgiennes semblent vouloir adopter la même politique que la Thaïlande et le Vietnam et les choses pourraient aller très vite. La tranquillité et l'authenticité de ces plages cambodgiennes pourraient donc être elles aussi en voie de disparition...




Kep, à 25 kilomètres de Kampot, est un tout petit village balnéaire créé par les Français au début du XXème siècle. Kep est réputé pour ses succulents fruits de mer et surtout pour son crabe.



Kep a même son marché aux crabes où l'on peut acheter du crabe que les groupes de vendeuses maintiennent vivant, et donc frais, dans des paniers en osier au bord du rivage.



Et du crabe, il y en a. Parfois il est même bleu-mauve...




Le mieux avec le crabe, c'est de le déguster préparé à la sauce au poivre vert... de Kampot bien entendu !



Petite photo anecdotique : pour quitter le sud du Cambodge, nous avons pris un grand van... visiblement pas assez grand ! Comme bien souvent dans ces contrées, pour le conducteur, il y a toujours assez de place pour fourrer une personne ou un sac de plus... Encore un peu et les nôtres n'étaient pas dans le coffre...



mercredi 21 décembre 2011

Photo bonus pour Nina P.

Que calor ! S'il fait froid en Belgique, pour l'instant, ici, sur les plages dans le sud du Cambodge, le soleil tape fort ! Autant dire que l'éventail que tu m'as confectionné vient bien à point !!! Je te fais de gros bisous !




Angkor

Peut-on passer dans la région sans aller visiter les temples d'Angkor ? Sans doute que oui, mais ce serait vraiment dommage tant le site est exceptionnel. Ceci dit, nous devons quand même avouer que nous n'avons pas eu de véritable coup de coeur pour le site. Trop touristique, Angkor ne dégage plus le mystère et la magie qui a fait sa renommée.

Aujourd'hui, Angkor est une forêt de pierres dans un écrin de verdure tropicale. C'est 400 km2 de chef-d'oeuvre, de temples hindouistes et bouddhistes, de bas-reliefs délicatement taillés dans la pierre, de bassins où flottent les fleurs de lotus, de blocs recouverts de végétation et d'arbres s'étant appropriés les demeures des dieux et des rois.

Au début du millénaire, Angkor était la capitale d'un empire khmer qui s'étendait de la Birmanie au Vietnam, la ville la plus étendue du monde pré-industriel et un tissu urbain mêlant temples de grès, palais de pierres, maisons sur pilotis, canaux, rizières et un très ingénieux système hydraulique. Selon la foi de ses rois, Angkor fut tantôt hindouiste, tantôt bouddhiste, parfois un subtil mélange entre les deux. 

Aujourd'hui, si le site fait le bonheur des touristes et la fierté des Cambodgiens - Angkor Wat ne figure-t-il pas sur le drapeau du pays?- ses temples bouddhistes constituent toujours un lieu de pèlerinage.

Nous avons eu le bonheur de visiter le site avec nos amis Bernard et Carla de passage dans la région pour leur lune de miel. Quelle chance unique de pouvoir prendre part un instant au voyage de noce d'amis !

Nous avons donc enfourché des vélos et sommes partis tous les quatre à la découverte d'Angkor...



Les retrouvailles entre Carla et Cora ont donné lieu à beaucoup de bavardages... Autant dire que ces deux-là n'étaient pas très concentrées sur la visite !



Le meilleur de la visite, le Bayon et ses dizaines de visages de Bouddha (216 à l'origine) en grès...





L'artiste à l'oeuvre... Avec la photographie, Bernard ne badine pas !



Lieu de culte toujours bien vivant...





Les maîtres des lieux, ce sont les arbres immenses, magnifiques et majestueux...



Parfois, ce sont les arbres qui permettent aux constructions de tenir encore debout...



Petit coucou d'Angkor...




Allez, une petite dernière pour la route...




Sur le marché de Battambang...

Battambang, deuxième ville du pays, est une petite ville paisible malgré les centaines de motos qui y circulent. Il est agréable de se promener dans les rues de la ville qui conserve un certain charme avec ses bâtiments coloniaux et ses maisons chinoises... Nous y passerons également un très agréable moment lors du festival organisé par l'école de cirque de la ville. Ce fut l'occasion d'y découvrir la convivialité et l'esprit festif des jeunes Cambodgiens. 



Battambang, c'est également un marché bien achalandé. Nous vous proposons d'y faire un petit tour...



Sur le marché, les fruits et légumes de la région sont à l'honneur. Vu la diversité, nous avons plutôt l'embarras du choix.



Que de couleurs...



Que de saveurs...



Il y a également du poisson tout juste pêché dans les fleuves, dans le lac Tonle Sap ou dans les rizières inondées. Parfois, le poisson est encore vivant dans de grandes bassines.





On trouve aussi le poisson séché formant de grandes piles. Ici, on mange beaucoup de poissons. Comme les Laotiens, les Cambodgiens raffolent d'une pâte de poisson fermentée dont l'odeur rappelle celle des égouts...



Pour nettoyer et découper le poisson, on travaille à même le sol...



Côté boucherie, il y a même de la saucisse !




Après les courses, direction la cuisine pour se familiariser avec les mets khmers... On vous raconte cela dans un prochain article sur la gastronomie locale.


Phnom Penh

Phnom Penh, la capitale du Cambodge a été bâtie au XVème siècle, au confluent du Tonle sap et du Mékong. Devenue capitale du Royaume du Cambodge à l'époque du protectorat, la ville a été embellie par les Français. Longtemps, la cité fut surnommée la "Perle d'Asie". La ville a beaucoup souffert de la guerre. Sous les Khmers rouges, elle sera même vidée de ses 2 millions d'habitants et laissée à l'abandon durant 4 ans. Aujourd'hui, les constructions modernes et pas toujours esthétiques se multiplient, et la ville connaît un développement économique fort et rapide. Si Phnom Penh n'est plus la perle qu'elle était, elle reste néanmoins une ville plus accueillante, plus conviviale et plus humaine que beaucoup d'autres capitales asiatiques.

La ville compte également quelques curiosités architecturales et un patrimoine historique intéressant. Ainsi, on y trouve, entre autres, le palais royal, le musée national des Beaux-Arts et de nombreux monastères. On y trouve également plusieurs marchés très étendus et bien achalandés où il est agréable de faire ses courses ou de se restaurer, comme au marché central par exemple. Le marché central, construit par les Français en 1937 et qui constitue le vrai centre de la vie phnom-penhoise, est un bel exemple d'architecture colonialo-Art déco.




L'urbanisation gagne sans cesse du terrain autour de Phnom-Penh. On y assèche même le lac de la ville pour y bâtir... Si Phnom-Penh compte encore de grandes avenues, des rues tranquilles et des espaces verts, les transformations actuelles risquent de rendre la ville beaucoup moins vivable.



Cependant, une bonne partie de l'architecture colonial est préservée et restaurée, ce qui donne, par endroit, un cachet assez plaisant à la cité.



Sur les grands axes et autour des lieux publics, le trafic est fou...


Bienvenue au Cambodge

Le 5 décembre, nous arrivons au Cambodge après un passage de frontière un peu folklorique... Pour ne pas se faire plumer... il ne faut jamais se laisser faire, même si le gentil monsieur devant vous a des galons ! Il y avait, entre autre, un soi-disant médecin de l'armée cambodgienne qui prenait notre température pour voir si nous étions en bonne santé et donc autorisés à entrer dans le pays... "service" payant bien entendu ! Nous avons déjà vu beaucoup de choses aux frontières... mais ça, c'est la première fois ! Quoiqu'il en soit, le brave médecin de l'armée n'a pas vu la couleur de nos dollars...

Ce pays est assez mystérieux et généralement relativement méconnu. Du Cambodge, la plupart des gens ne connaissent que les ruines des temples d'Angkor et l'horreur du régime des Khmers rouges, symbolisant le plus prestigieux et le plus sombre de l'histoire du pays. Pourtant, s'il est encore marqué par une histoire jalonnée de drames et de périodes d'instabilité, et que de nombreux défis sont encore à relever pour permettre à chacun de vivre dignement, le Cambodge est bien plus qu'Angkor ou que le souvenir du communisme le plus radicale. C'est un pays magnifique, jeune, dynamique et convivial.

Le Royaume du Cambodge, en khmer Kampuchea, est un pays d'Asie du Sud-Est, entouré de la Thaïlande à l'ouest, du Laos au nord, du Vietnam à l'est et bordé du Golfe de Thaïlande au sud. Peuplé de 15 millions de Cambodgiens et étendu sur quelques 181 000 km2, le Cambodge a pour capitale Phnom Penh.

Entre le XIème et XIVème, l'empire Khmer (ou angkorien) étendait sa domination sur presque toute la péninsule indochinoise, plus une partie de la Thaïlande et une partie de la Birmanie actuelle. Depuis, le pays s'est vu attaqué, envahi et annexé plusieurs fois par ses voisins. Ce sont les rois du Cambodge qui ont fait appel aux Français pour préserver l'intégrité de leur territoire. A la fin du protectorat français, la péninsule indochine bascule dans la guerre du Vietnam (la guerre "froide" fut belle et bien "chaude" pour des millions de personnes). Le Nord du Cambodge est tapissé de bombes américaines, avant de s'enliser dans une guerre civile entre 1970 et 1975. En 1975, les Kmers rouges de Pol Pot (pour Politique Potentielle) instaure un régime de terreur qui prendra fin avec l'invasion vietnamienne de 1979. Le Vietnam se retirera à la fin de la guerre froide. Depuis, le Cambodge, monarchie constitutionnelle, connaît une stabilité politique mais pas de réelle démocratie. C'est le Premier ministre Hun Sen qui tient les rênes du pouvoir depuis plus de 26 ans.

Le drapeau du Cambodge est constitué d'une bande rouge horizontale entourée de deux bandes bleues. Au centre, le temple d'Angkor Wat est représenté en blanc. Les trois couleurs symbolisent la devise du pays : "La nation (rouge), la religion (blanc) et le Roi (bleu)".



La géographie du Cambodge est dominée par le Mékong et un autre fleuve, le Tonle Sap qui constitue également un grand lac, principale ressource halieutique. Le pays se trouve en grande partie au niveau ou sous le niveau des fleuves, il y a donc beaucoup de rizières et de zones inondables. 

L'agriculture occupe 57 % de la population active et constitue 33 % du PIB : c'est le secteur économique dominant. Les industries principales du Cambodge sont la manufacture et le tourisme (essentiellement lié au site d'Angkor). Depuis 20 ans, le pays connaît un fort développement économique et bénéficie de l'afflux d'investissements... Un développement économique est bien entendu nécessaire dans ce pays où près d'un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté. Mais, l'économie qui se développe prend le même visage maladif que celui qu'offre le capitalisme néo-libéral partout en Asie. A Phnom Penh et dans les usines que les Occidentaux et les Chinois ont délocalisé au Cambodge (et oui, aujourd'hui la Chine délocalise aussi !!!), les conditions de travail des ouvriers sont souvent déplorables... Quoiqu'il en soit, comme partout, la croissance ne profite qu'à une poignée de privilégiés et si les grosses voitures pullulent dans les villes, les inégalités se creusent sans cesse et le Cambodge reste l'un des pays les plus pauvres du monde.


mardi 20 décembre 2011

Les 4 000 îles...

Notre rodéo avec le Mekong nous laisse dans le sud du Laos, à quelques brasses de la frontière cambodgienne, dans le district de Siphandone, mot qui signifie "les 4 000 îles" en Lao.

Nous étions déjà subjugués par le Laos, nous avions donc prolongé un peu notre visa et nous avons bien fait : nous nous poserons une petite semaine dans cette région au charme et à la magie indéfinissables... Il faut dire que les 4 000 îles et sa population chaleureuse nous ont enchantés.


Les 4 000 îles, c'est le lieu, tout au sud du Laos, où le Mekong s'élargit et d'où sortent de ses eaux sauvages d'innombrables îles, petites ou grandes. Chacune de ces îles est un havre de paix où les rizières se dorent au soleil, où les cocotiers procurent ombrage aux buffles paresseux et aux maisons sur pilotis, où la sieste est une institution et il n'y a que les rires des braves gens pour couvrir les chants des oiseaux...





Les 4 000 îles, c'est aussi l'étonnement devant des paysages insolites...



... et le Mekong qui finalement se brise en centaine de cascades et chutes d'eau pour s'en aller rejoindre, quelques dizaines de mètres plus bas, le Cambodge voisin...



... et comme partout au Laos, des couchers de soleil intemporels.



Des Laotiens sympas, nous en avons rencontrés beaucoup sur nos 5 semaines de voyage dans ce beau pays. L'esprit calculateur et mercantile qui se répand désormais comme une traînée de poudre dans toute l'Asie semble encore épargner le Laos... Par exemple, sur l'île de Don Det, nous avons même loger dans une guest house familiale où tout se passe sur la confiance : tu te sers et tu calcules ton addition toi-même à la fin de la semaine ! 

Nous avons également eu la chance de passer dans le coin pendant la fête des courses de bateaux entre les différents villages des différentes îles... C'est la grosse fête de l'année, il y a donc beaucoup d'ambiance, et la bière et le lao lao coulent à flot. Un brave type, que tout le monde appelle le capitaine, nous y a emmené, ainsi que la famille de la guest house et quelques routards... S'il connaît le chemin (une heure et demie de bateau), naviguer sur le Mekong ici est loin d'être évident ! Pour le retour, le capitaine avait un petit coup dans le nez... comme tout le monde. C'était l'ambiance à bord ! On ne pouvait pas terminer cette article sur les 4 000 îles sans mettre la photo du capitaine qui faisait le pitre lors du retour ! Quelle bande de fêtards ces Laotiens...