Damas, Cham en arabe, est une ville millénaire et aujourd'hui la capitale de la Syrie. Elle compte environ 5 millions d'habitants. Au premier abord, c'est une grosse ville moderne pleine de béton, de grands boulevards et de grandes places au trafic très dense. Damas est bruyante et polluée. Les autoroutes se croisent en ville, même à deux pas de la vieille ville. Les passerelles les enjambant sont prises d'assaut par des nuées de piétons auxquels cette capitale moderne ne laisse pas beaucoup de place.
En même temps, Damas est plus propre, plus calme, plus légère et plus libre qu'Alep. Damas est plus décontractée. La vieille ville est très belle, animée, intéressante et conviviale avec ses monuments, ses souks, ses maisons du XVIIème, ses cafés à narghilé, ses boutiques d'art, ses glaciers, ses pâtissiers et son quartier chrétien. On y croise autant de femmes voilées que cheveux au vent. On ne s'y bouscule pas. On peut facilement s'y assoir et y boire un verre.
Ici, à la sortie du souk Hamidieh, en face de la Grande Mosquée Omeyyades, les ruines du temple romain de Jupiter.
À côté, le tombeau du grand Saladin (1138-1193) pourfendeur des croisés. Saladin était kurde. Sachez que ce sont les Turcs et les Kurdes qui ont vaincu les croisés. Les Arabes n'avaient déjà plus rien à dire. De toute façon, les Mongoles qui déferlaient aux quatre coins du continent euroasiatique auraient mis tout le monde d'accord si l'épopée franque en Terre Sainte avait duré plus longtemps ! On est donc loin du cliché des Croisades opposant les Européens aux seuls Arabes !
La Grande Mosquée des Omeyyades simplement superbe. Commencée en 705 sur l'emplacement d'une église chrétienne, elle est richement décorée et ornée de mosaïques exécutées en grande partie par des artistes byzantins. Dans la cour, les gens y viennent pour discuter, se reposer et s'y détendre. A l'intérieur, la foule des musulmans se presse autour du mausolée de Saint-Jean Baptiste ou se recueille à l'heure de la prière.
Le palais Azem de Damas est un très bel exemple d'architecture damascène typique.
Ambiance magique le soir tombant dans les souks...
Même dans les rues des quartiers modernes, les surprises architecturales sont présentes !
Et puis il y a aussi ces petites rues tranquilles qui caractérisent le vieux Damas...
Nous sommes restés 10 jours à Damas où nous avions une chambre dans une maison que se partagent des étrangers qui viennent pour quelques mois à Damas apprendre l'Arabe. C'était vraiment très chouette de pouvoir se poser un peu, de se sentir comme à la maison et de faire une pause dans notre vie de nomade ! Et nous avons pris part pour quelques jours à la vie de notre quartier damascène en allant tester le hamman voisin, en faisant nos courses en abondance puisque nous pouvions cuisiner et en apprenant à jouer au backgammon par exemple...
Cora rentre dans notre petite demeure du moment...
Déjeuner en amoureux dans la cour de la maison.
Damas est donc une ville pleine de contrastes mais toujours intéressante. Nous pouvons quand même nous demander ce qu'il reste de la grandeur de Damas, de son oasis et de sa rivière à qui elle doit sa naissance.
Son oasis, la Ghoûta, est rongée par le béton et les autoroutes, elle disparaît. Sa rivière, le Barada, est couverte par les routes, ce n'est plus qu'un immense égout. Au désert grisâtre et ocre alentour succède désormais un désert de béton : la ville. 5 millions d'êtres humains, le double en journée, y sont artificiellement accrochés à la vie par les moyens illusoires d'une modernité déjà dépassée. On ne peut dès lors s'empêcher de se demander ce qu'il adviendra de villes comme Damas quand l'humanité y aura brulé toutes les ressources naturelles. Comment y vivra-t-on après y avoir gaspillé eau, nourriture et pétrole, et que l'on s'y rappellera vivre en bordure du désert ?
Quant à sa grandeur, elle est résolument passée ! Damas n'est plus que l'ombre d'elle-même à l'image de tous ses admirables monuments, palais, écoles et mosquées, que recouvre une épaisse couche de poussière et de pollution. Aujourd'hui, Damas est riche de ses habitants. Pour le reste, Damas est grise. Seule la miyiade de taxis jaunes roulant à vide lui donnent des couleurs... tout en la souillant toujours plus. Vraiment, à l'image de la Syrie, Damas est passionnante, Damas est pathétique.
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