Aujourd'hui, voyager sans prendre l'avion devient malheureusement difficile ! Dernier exemple en date, fin du mois passé, l'immigration indonésienne nous a contraint à prendre un billet d'avion de sortie du territoire comme seule condition à la prolongation de notre visa. Quand ce n'est pas une géopolitique catastrophique qui complique les choses, les gouvernements poussent tout simplement les gens à prendre l'avion. Par exemple, le visa délivré à l'arrivée sera de plus courte durée si vous entrez en Thailande par voie terrestre ! C'est que les troupeaux sont mieux contrôlés s'ils passent par la case "aéroport" !
Il y a également le fait que les liaisons aériennes en low-cost se développent à une vitesse inquiétante un peu partout. En Indonésie, il y a toujours moins de bateaux, parce qu'il y a toujours plus d'avions. Des liaisons navales entre l'Indonésie et la Malaisie ont même été purement et simplement supprimées à cause du low-cost. De plus, nous en avons fait l'expérience, s'il est très facile d'acheter n'importe quel vol, n'importe où dans le monde, en 10 minutes sur internet, acheter un billet de bateau c'est une autre histoire et, en Indonésie, pour sortir du territoire, c'est carrément impossible. Il faut donc prendre l'avion ! Merde !
Pourquoi ne pas aimer prendre l'avion quand on voyage ?
Evidemment, il y a notre éthique et nos valeurs écologiques et économiques qui souffrent chaque fois l'on doit prendre l'avion. Mais si cela nous "emmerde" vraiment de prendre un vol, c'est aussi et surtout parce que l'avion c'est tout sauf du voyage ! L'avion, c'est à chaque fois comme un coup de canif dans l'aventure du voyageur. Le touriste, qui n'a pas de temps à "perdre", raffole de l'avion parce que c'est facile, et surtout parce que le touriste a une destination. Le voyageur, lui, n'a pas de destination. Pour lui, le plus important c'est la route. Le voyage, c'est la route, une route pleine d'expériences, de rencontres, de paysages, de sourires, de croche-pieds et d'imprévus qui sont autant d'opportunités. Nous n'avons pas de destination, nous ne savons pas où nous allons et peu importe ! Le voyage, c'est comme la vie. L'important, c'est le chemin. Sur la route, on voit les cultures, les visages, les paysages et les gastronomies changer. C'est une douce évolution. Ici, il y a toujours un peu de ce que l'on a vu avant et de ce que l'on verra après. Le même et l'autre se mélangent. En prenant son temps, on comprend mieux le monde, on perçoit mieux sa complexe beauté. On prend conscience aussi que les frontières n'existent pas, qu'elles ne sont que le fruit de l'abus de pouvoir des gouvernements. On comprend que tout gouvernement est colonial ou dictature. Quand on voyage, que l'on se ballade tranquillement d'une région à une autre, quand on laisse la place à la rencontre, celle qui prend du temps, quand on prend le temps de goûter aux kilomètres qui passent, on appréhende mieux les réalités, les modes de vie et les cultures. Quand l'avion arrache le voyageur à la route, il brise son voyage ! Après chaque atterrissage, nous devons reconstruire, retrouver nos repères de voyageur, renouer le fil perdu de la route que l'on a laissée derrière nous mais qu'il nous faut reprendre. A chaque fois que nous prenons l'avion, nous nous demandons si le voyage n'est pas en danger. Pendant combien de temps encore sera-t-il possible de voyager ?
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