dimanche 24 février 2008

Le Carnaval d'Oruro ( 2 et 3 février 2008 )

Déclaré chef d’oeuvre et patrimoine oral et imatériel de l’humanité par l’UNESCO, le carnaval d’Oruro est une fête démesurément grandiose et superbe.

Fête chrétienne ? Fête en l’honneur d’El Tio, le diable qui règne sur les mines ? Fête en l’honneur de la Pachamama, la déesse Mère-Terre toujours aussi si chère aux Boliviens ? C’est difficile à dire tellement la fête prend une forme étrange pour les non-initiés. En tout cas, ce qui est certain, c'est que le carnaval d'Oruro est un produit de la tradition andine unie à la tradition chrétienne. C'est un mélange magnifique. Et les Boliviens venus de toutes les régions du pays semblent également y fêter la Bolivie.

Quoiqu'il en soit, c'est dans un environnement aride et froid, aux pieds de montagnes grises exploitées pour leur minerais, c'est-à-dire dans les rues d'Oruro (tristounette au quotidien), que s’est dévellopé une tradition rituelle riche en couleurs et en fantaisie.


Deux jours avant le début du carnaval, la ville s'anime. Les paysans et villageois de la région viennent défiler dans les rues de la ville en habit traditionel, avec drapeaux et lamas, en dansant et en chantant sur des airs des flûtes.

En milieu rural, l'habit traditionnel est toujours porté au quotidien aussi bien par les hommes que par les femmes.

De manière générale, et plus spécialement dans les campagnes bolivienne, le carnaval a une grande importance rituelle et religieuse. Jusqu'à mars, diff'érents carnavals seront fêtés dans toutes les régions de Bolivie. Le carnaval est même illustré sur les vêtements traditionaux et artisanaux que portent paysans et villageois.


Le carnaval d'Oruro, c´est surtout celui d'une danse, la Diablada, et des diables humiliés au pied de la vierge... Il y a aussi les diablesses obligatoirement précédées de Saint Michel l'Archange toujours victorieux... C'est que dans cette région minière, les mineurs craignent encore et toujours le diable qui règne sur les mines...

Au cours du temps, le carnaval a incorporé les autres danses de Bolivie. D'ailleurs, des Boliviens des quatre coins du pays viennent à Oruro pour le carnaval, avec leur superbe costume, pour y danser et y chanter, s'ils font partie d'un groupe ou tout simplement avec leur envie de s'amuser, de boire et de faire la fête, pour tous les autres.

Pendant deux jours, le défilé ne cesse pratiquement pas. La musique, les couleurs, les danses et les feux d'artifices illuminent les spectateurs éblouis.



Ici, un "noir" dansant la Morenada. La Morenada est une danse d'influence africaine représantant les noirs et les esclaves de l'époque coloniale. Il parait que ce sont les Amériendiens aymara qui ont élaboré cette danse satyrique...
















Outre les centaines de diables, de noirs, de caporales (qui enflament véritablement le public à leurs passages - c'est aujourd'hui la danse nationale de Bolivie ) et toutes sortes de personnages mystérieux, il y a aussi les amérindiens de l'Amérique précolombienne...










... des danseuses magnifiques !!!
















... et bien sur beaucoup de musique...












Malheureusement, une fois de plus, le carnaval d'Oruro est l'occasion d'observer les grandes inégalités qui divisent la société... bolivienne ! Que de richesses... et que de pauvreté !!!
Participer au carnaval en tant que danseur coûte très cher. Les danseurs et ceux qui défilent viennent donc des catégories aisées. On constaste facilement que ceux-ci ont souvent la peau plus claire et les traits plus européens. Il y aussi des "autochtones", mais ce sont le plus souvent des musiciens...
D'un autre côté, des centaines de mères de famille, d'adolescents et d'enfants (parfois très jeunes) ont passé le carnaval à ramasser les cannettes de bière usagées pour gagner un peu d'argent et à mendier... Parmis ceux-là, nous n'en avons vu aucun qui avait la peau plus claire ou les traits plus européens...

Le carnaval d'Oruro, patrimoine mondial, était magnifique. Mais cela ne doit pas faire oublier que la Bolivie reste un des pays les plus pauvre d'Amérique Latine. Si les choses changent en Bolivie, elles changent lentement !!!

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