dimanche 6 mars 2011

Adecom et Kootu-k-Kural

Nous avons profité de notre passage à Puducherry, pour aller faire un petit coucou à Lalita et Perumal. Lalita est la responsable d'Adecom Network et son mari, Perumal, est le président de Kootu-k-Kural. Adecom et Kootu-k-Kural sont deux associations qui travaillent à l'émancipation et à la défense des droits des populations dites "dalits". Lalita et Perumal nous ont d'ailleurs remis le bonjour pour leurs amis belges et pour la bande du voyage de 2005 (rencontre de septembre 2005 grâce à Entraide et Fraternité qui soutenait Adecom Network à l'époque) . 

Dalit est le nom relativement récent que se sont donnés pour se nommer, ceux que la tradition hindoue considère comme impurs, comme intouchables, et qui sont tout en dessous de la hiérarchie des castes hindoues, hors de ces castes même, bref ceux que la tradition considère comme des sous-hommes. Dalit signifie « opprimés », « brisés ». Les Dalits représentent environ 17 % de la population indienne, soit environ 170 millions d’individus. Les Dalits n’ont jamais formé un groupe homogène, mais ils ont toujours eu en commun une relative souffrance due à la pauvreté, à la misère et surtout à l’expérience de « l’ostracisme social » qui les amène depuis un demi-siècle à s’unir autour d’une identité commune. La grande majorité des Dalits vit dans les villages et beaucoup d’entre eux se joignent constamment à tous les infortunés qui vont gonfler les bidonvilles indiens. Il faut rester prudent et ne pas caricaturer le problème : ce n’est pas parce que l’on est Dalit que l’on est forcément pauvre et il y a aussi des Brahmanes (membres de la caste des prêtres, la plus haute caste) qui vivent dans la misère des villages et des bidonvilles. Cette remarque est d’autant plus justifiée au regard des transformations socio-économiques que connaît la société indienne aujourd’hui. Car il ne faut pas confondre castes et classes, et même s’il y eut un temps où ces deux notions différentes pouvaient plus où moins se recouvrir, cette adéquation se relâche toujours plus dans une Inde où la pauvreté guette une population spécifiquement vulnérable (chômeurs, femmes et enfants) sans distinction de caste. Cependant, si environ deux cinquièmes de la population indienne vit sous le seuil de pauvreté, quatre cinquièmes des Dalits en font partie. Dans les campagnes, la majorité d’entre eux sont des ouvriers agricoles sans terre. Ils vivent dans des villages ou quartiers séparés, et  ne peuvent pas puiser l’eau au même puits que les autres. Par exemple, dans les écoles rurales, seuls les enfants dalits doivent nettoyer les toilettes et  ils ne peuvent pas dîner avec les autres enfants. Dans les villes, les Dalits travaillent, par exemple, comme éboueurs, égoutiers ou vidangeurs de sanitaires. Ils ne peuvent pas boire dans les mêmes verres que les autres clients dans les nombreux bars à thé qui jalonnent les rues. Souvent, et bien que ce soit officiellement interdit, on leur refuse l’entrée des temples hindous. Et quand des Dalits protestent contre le système ou revendiquent le respect de leurs droits constitutionnels, il arrive fréquemment qu’ils subissent des violences. La prégnance de ce système des castes est tellement puissante qu’il s’est également installé dans les autres religions présentes en Inde, comme chez les Indiens musulmans ou chrétiens. Aujourd'hui, partout en Inde, les Dalits s'organisent pour faire respecter leurs droits.

Le vendredi 11 février, nous sommes allés rejoindre Perumal à Kootu-k-Kural. Kootu-k-Kural, qui signifie « voix collective », est un groupe culturel basé à Pondichéry et soutenu par ADECOM. En réalité, il s’agit d’abord d’une troupe (acteurs dalits) de théâtre qui se donne pour mission de s’adresser, aux travers de pièces de théâtre, aux populations les plus opprimées des villages et des bidonvilles de Pondichéry et du Tamil-Nadu, afin de les sensibiliser aux moyens qu’elles pourraient mettre en œuvre pour briser la domination dont elles souffrent, et pour changer leurs conditions socio-politico-économiques. Mais Kootu-k-Kural a aussi des programmes d'éducation pour les enfants qui ont un accès difficile à l'école dans les villages et propose également des activités culturelles aux adolescents des communautés dalits. Ainsi, nous avons pu assister à la fin d'un programme de poterie et sculpture. Ces jeunes étaient fiers de nous présenter le résultat de leur apprentissage. Voici quelques-unes de leurs oeuvres...





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Pour ceux qui souhaiteraient avoir plus d'informations sur Adecom et le mouvement dalit, ses actions et ses revendications :

NCDHR, National Campaign for Dalit Humain Rights : www.dalits.org
Adecom Network : www.adecomnetwork.org



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