lundi 2 mai 2011

De Mumbai à Bollywood, la misère côtoie les paillettes !

Mumbai, anciennement Bombay, est une ville pleine de contrastes, vivante et intéressante à bien des égards mais de cette mégalopole à l'architecture victorienne admirablement conservée, nous ne vous montrerons que cette image : celle des Dabbawallahs qui débarquent des milliers de gamelles pour le dîner à Churchgate Station. 

Cela fait plus d'un siècle maintenant que les Dabbawallahs ( les "personnes des gamelles") livrent, chaque jour, environ 200 000 gamelles sur les lieux de travail dans Mumbai. Chaque fin de matinée, un Dabbawallah vient chercher à domicile le déjeuner que l'épouse aura confectionné pour son époux ou ses enfants. Puis le grand réseau des Dabbawallahs se met en branle, les gamelles numérotées passent de main en main, prennent le train, et arrivent à Churchgate Station, au coeur de Mumbai à 11h30 précises. Là, d'autres Dabbawallahs prennent le relais (voir photo) pour livrer à l'heure le bon dîner encore bien chaud. Cette organisation méticuleuse est un reflet étonnant de la survivance des castes à Mumbai : en un mot, il est encore interdit à de nombreux Indiens d'ingérer de la nourriture préparée n'importe comment par n'importe qui... question de pureté ! Grâce aux Dabbawallahs chacun peut donc dîner selon les obligations de sa caste en toute sérénité !!!



Pour nous Mumbai, c'est surtout une expérience Bollywoodienne : nous avons en effet joué les figurants dans une séquence d'un film gros budget ! La production avait besoin d'Occidentaux et nous avons donc été embarqués avec une vingtaine d'autres "Blancs" pour tourner une séquence d'à peine 2 minutes... ce qui nous prendra toute une nuit !!! C'était marrant la première heure. Ca l'était nettement moins à 3 heures du matin alors qu'il nous restait encore au moins 4 heures à refaire encore et toujours la même scène... D'ailleurs si vous voyez un jour le film, et qu'à la scène du restaurant, vous voyez une figurante qui dort à table à l'arrière plan, il s'agit de Coraline !

Mais cette soirée a également été l'expérience, souvent renouvelée en Inde, d'un malheureux contraste. Pour rejoindre le tournage, il nous a fallu 2 heures de route en bus pour sortir de Mumbai. D'abord, nous avons traversé le centre de Mumbai "relativement" propre et chic. Ensuite, nous avons roulé dans des quartiers de plus en plus pauvres. Et voici la banlieue qui, peu de temps, fait illusion de-ci de-là avec quelques tours hideuses mais modernes, neuves et propres. Puis, définitivement, pendant une heure durant, nous voici longeant des quartiers de taudis, de maisons en poubelles et de bidonvilles immondes. Le long d'un cours d'eau transformé en égout, des maisons de tôle, de carton et de plastique s'agglutinent entre les tas d'ordures huileuses et couverts de mouches. C'est le royaume de l'urine et de la crasse. Celui des ombres aussi quand la nuit finit par tomber. A certains endroits, voici ces abris de fortune qui s'entassent et s'empilent. Ici, on se chie sûrement les uns sur les autres. L'odeur est répugnante et il paraît que c'est pire quand il fait plus chaud. A chaque fois, ce triste spectacle a quelque chose de surréaliste. Evidement, il nous demeure inacceptable. Comment notre société a-t-elle pu générer autant d'exclusions, de souffrance, d'injustice et d'inhumanité ? Combien de paysans vont-ils encore devoir chaque jour abandonner leur campagne pour grossir les bidonvilles ? Le riz que j'ai mangé ce midi était-il le fruit du labeur d'un homme qui demain, au bord de la famine, ou poussé par les conquêtes d'une agro-industrie cupide, sera poussé à venir se mourir avec sa famille dans un de ces cloaques urbains ? Soudain, nos réflexions sont interrompues, nous tournons à droite, passons une grande grille : nous voici à l'hôtel Marriott. Ici, le luxe est un mode de vie. Dans un des restaurants de cet hôtel pour grandes fortunes, une nuit durant, une soixantaine de personnes vont dépenser énergie et argent à tourner 2 minutes d'un film stupide.



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