vendredi 23 septembre 2011

Désert vert...

De Singapour à Kuala Lumpur, de Mersing à Malacca, de Kuala Lumpur à Ipoh et de Ipoh à Georgetown, bref du sud au nord et d'est en ouest, un mal ronge la Malaisie péninsulaire : la culture du palmier à huile.

La Malaisie n'est pas le seul pays de la région à voir la catastrophe se propager. En Indonésie et dans le sud de la Thaïlande aussi, on déboise pour planter ce palmier. Mais en Malaisie continentale, le phénomène saute aux yeux tellement, partout, il rend le paysage austère. Où sont les villages, les rizières et les superbes paysages qui nous laissaient rêveur en Indonésie ? Et où est la forêt, cette superbe jungle, coffre à trésor d'une faune et d'une flore exceptionnelles qui, il y a peu de temps encore, s'épanouissaient ici ? Les kilomètres défilent, on a beau regarder de chaque côté, on ne voit rien d'autre que ces palmiers à huile venus d'Afrique et qui n'ont même pas l'impertinence de ne pas pousser en ligne droite...




Pourtant, quand le ciel est bleu, on pourrait se laisser berner. Finalement, un palmier c'est vert, c'est beau, c'est la vie... et en plus, pour nous, c'est exotique ! Mais ne nous y trompons pas. Ce que nous observons là, à perte de vue, c'est bien ce que l'on appelle un désert vert. Avant, il y avait la jungle : poumon de la région, machine naturelle à purifier l'air et l'eau, système à réguler le climat, collection incommensurable d'organismes vivants de toutes sortes indispensables à l'équilibre et à la richesse de la Terre, au progrès humain et à la prospérité de tous. Avant il y avait la vie. Aujourd'hui, il n'y a plus qu'un champ de palmiers, une monoculture industrielle et chimique, une terre qui s'appauvrit et se salit, beaucoup de pollution invisible, de l'eau sale et un silence assourdissant. Aujourd'hui, on cultive la mort. Le désert avance, il est vert, mais c'est un désert quand même ! 

Si l'on cultive le palmier à huile, c'est pour l'industrie agroalimentaire surtout, pour celle des cosmétiques un peu et très peu pour produire des biodiesels, bien que cette part tende à s'accroître.  La culture de ce palmier est peut-être bonne pour la "croissance" économique des pays du Sud, mais elle est mauvaise pour la forêt, pour la biodiversité, pour la souveraineté alimentaire des populations, pour la liberté et le respect des droits des peuples autochtones et, parce que son huile est riche en acides gras saturés, pour la santé de tous ! La culture du palmier à huile prouve enfin que la "croissance" économique actuelle n'est bonne pour personne, surtout à moyen et long terme. Cette "croissance" économique là désertifie... Elle sème la mort !


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