mardi 26 février 2008

Santa Cruz... ne veut pas partager !!!

Le lundi 11 février nous arrivons à Santa Cruz, et ici, c'est encore une autre Bolivie qui s'offre à nous. La dizaine d'heures de voyage pour y parvenir nous permet de découvrir de nouveaux paysages. La terre est rouge, tout est très vert et les superbes montagnes couvertes d'une végétation sauvage sont découpées par de grands ríos aux eaux boueuses et indomptables. Dans cet Oriente bolivien, à l'approche de l'Amazonie, il fait de plus en plus chaud et de plus en plus humide... Le soleil règne en maître !

Santa Cruz est la capitale de la province du même nom. C'est la plus grande (1/3 du pays) et la plus orientale des 9 provinces boliviennes. Ce sont les Cambas, métisses de descendants espagnols et indigènes, qui habitent Santa Cruz. Leur culture et leur une cuisine (mmmh) sont très différentes de celles du reste de la Bolivie.




Ces dernières années, Santa Cruz a connu un boum économique grâce à la découverte et à l'exploitation de gaz (deuxième réserve d'Amérique Latine et grand fournisseur du Brésil) et d´hydrocarbures, et aussi un peu grâce à l'agriculture, le commerce du bois et, paraît-il, au trafic de la coca... Cette réussite économique a provoqué la migration de nombre de Boliviens vers l'Oriente. Depuis une quinzaine d'années, la ville de Santa Cruz s'est modernisée (!? ce qui ne veut rien dire !? Comprenez occidentalisée ou américanisée) et a poussé comme un champigion. Santa Cruz, c'est propre, c'est chic, c'est riche. Ca se sent et ca se voit !!! Santa Cruz, c'est aujourd'hui la ville la plus peuplée de Bolivie ( 2 millions d'habitants), la nouvelle capitale économique et la locomotive néolibérale et capitaliste du pays.


Dès notre arrivée à Santa Cruz, nous sentons que l'ambiance est spéciale...
Le premier Cruceño (un métisse) que nous rencontrons donne le ton. Pour lui, Santa Cruz, c'est la ville la plus argéable, la plus propre et la plus riche de Bolivie. Il ajoute "nous, on veut l'autonomie pour mieux profiter de nos richesses, le président de Bolivie c'est un indigène et ce n'est pas bon... il ne comprend rien !!!"
D'autres nous diront plus tard que Santa Cruz génère 70 % des richesses du pays et que Santa Cruz ne profite que de 10 % de cette part et que c'est pour cela que ca doit changer !!!



A Santa Cruz, toute occasion est bonne pour rappeler que les Cruceños sont différents et qu'ils ont des revendications. C'est inscrit sur les bâtiments, sur les brochures touristiques (voir ci-contre - "Autonomie en marche"), sur les autocolants, sur les drapeaux vert et blanc de la province qui sont omniprésents, et même lors des spectacles traditionnels dans les restos ou pour les touristes. On parle de l'autonomie à la télévision, dans les journaux. Sur certains murs de la ville, des graffitis traitent même le président bolivien, Evo Marales, de "fils de pute" et souhaitent sa mort...



Il faut dire que ce sujet constitue une des problématiques politiques majeures en Bolivie pour le moment. Elle est source de tensions dans tout le pays. A La Paz, et dans les autres villes de Bolivie, au contraire, nombre de graffitis, de pancartes et de brochures louent le président bolivien et proclament que "la Bolivie est unie pour toujours".

Il faut dire que le contexte politique bolivien est particulier. Evo Morales, premier président indigène (il était temps!) et très à gauche, entend faire sa révolution sociale (démocratiquement) en faveur des très nombreux pauvres que compte le pays. Il veut mener une politique sociale drastique, nationaliser ressources et entreprises, répartir équitablement les richesses (il a réduit le budget fédéral aloué à Santa cruz), refonder l'Etat sur des bases plus égalitaires grâce à une nouvelle constitution (pas encore adoptée) et refuse les conditions de Santa Cruz pour une grande autonomie de la région. (Pour ceux qui sont intéressés, sachez qu'il y aura bientôt sur le blog un volet Evo Morales et politique en Bolivie !!!)




Quoiqu'il en soit, à Santa Cruz on vit bien !!! Nous avons beaucoup marché dans le centre et dans les quartiers périphériques de la ville, et ca donne une étrange impression de voir, dans le pays le plus pauvre d'Amérique du sud, tant de boutiques chics, de villas et de sompteuses maisons protégées par de grands barreaux derrière lesquels sont garés de belles voitures et de gros 4x4...





Comme quoi, c'est pareil partout, l'homme est incorrigible, plus on en a et moins on veut partager !!! Et dire que des Belges arrivent encore à s'étonner de l'ardeur des velléités autonomistes d'une région!!! C'est un comble, non ?

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