lundi 6 décembre 2010

La première impression est rarement la bonne...


Après deux heures passées à la frontière pour obtenir nos visas syriens, nous entrons en Syrie. Nous ne pensions pas que la différence entre la Turquie et la Syrie serait aussi radicale et rapide ! Dès l'arrivée en Syrie, l'environnement change, les villages ont l'air plus pauvres, plus désordonnés, plus délabrés. Les routes sont belles (nous n'en n'avons d'ailleurs pas encore vues d'aussi pourries que dans le sud de la Belgique) mais les automobilistes irresponsables. Sur le bord du chemin, des femmes entièrement voilées et tout en noir.

Vers 15 heures, on nous dépose en plein centre d'Alep. Nous voici avec nos gros sacs à dos au milieu des voitures et des taxis jaunes qui ne respectent pas la signalisation et qui bouchonnent dans tous les sens. Nous voici au milieu des klaxons et des bruits d'une ville nerveuse et agitée. Il y a beaucoup de monde. C'est difficile de traverser les rues bondées, ou de se frayer un chemin sur les trottoirs sales et encombrés de marchandises où tout le monde se pousse et se bouscule "tout naturellement". Toutes les femmes sont couvertes de noir de la tête aux pieds, mains y compris. Nombreuses sont celles dont on ne peut même pas voir les yeux. Avec nos gros sacs sur les épaules, nous nous sentons fébriles. Nous avons l'impression que tout le monde nous regarde. C'est certain ici nous sommes des étrangers. Ici, le peu de femmes qui ne portent "que le voile" et dont on voit les mains et le visage, nous paraissent libres et modernes alors qu'il y a encore 3 heures, en Turquie, elles symbolisaient la frange la plus conservatrice de la société ! Nous nous faisons bousculer et nous restons sur nos gardes pour ne pas nous faire rouler sur les pieds. Ca sent les tripes de mouton, le savon, les poubelles, les pneus... Les odeurs se mélangent dans la chaleur, tout dépend de la rue. Le visage crispé, nous respirons difficilement. Somme-nous en Asie ? En tous les cas c'est certain, nous sommes arrivés à Alep.

Contrairement à ce qu'aiment dire beaucoup de gens, la première impression est rarement la bonne. Pas à cause de ce qui est observé, mais à cause de l'observateur. Le prisme de la subjectivité auquel nous sommes condamnés est terrible ! Il est même des moments où il est aveuglant, par exemple, quand on débarque dans une ville lointaine et inconnue, sac au dos, à la recherche d'une chambre et qu'il est marqué touriste sur notre front... peut-être le pire pour un routard. 

Alors, nous ne nous réjouissons plus que d'une chose, c'est de laisser le sac à dos dans la chambre bon marché que l'on aura trouvée et de ressortir découvrir ce nouvel environnement sans l'attirail du nouvel arrivant. Bien sûr, nous restons toujours des étrangers et pris comme tels, mais nous nous sentons plus légers et nous le sommes. Nous nous fondons plus facilement dans la masse. Nous sommes moins regardés et nous sentons moins regardés. Sans sac a dos, on prend même souvent Cora pour une Turque ! Nous nous faisons à la circulation et la curiosité prend le dessus sur l'anxiété. Sans les sacs, nous respirons mieux aussi. Nous avons vite fait de nous engouffrer dans le souk et de découvrir ses beautés. Rapidement, on se rend compte alors qu'au pire, les Alépins se foutent que l'on soit là, ce qui est bien normal, et qu'au mieux, souvent, la convivialité orientale est à l'oeuvre avec son ballet de sourires, de signes de la main, de propositions d'aide et d'invitations à boire le thé. Dorénavant, nous le savons, à Alep, la Syrie est conviviale ! 

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