lundi 6 décembre 2010

Une ville mythique... Alep

Alep, qui compte 2,5 millions d'habitants est la deuxième ville de Syrie. C'est une des grandes cités mythiques du monde et avec Damas, elle se dispute le titre de plus ancienne ville n'ayant jamais cessé d'être habitée ! Fascinante et captivante pour certains, elle est surtout conservatrice, sale, bruyante et stressante pour d'autres. Mais pour les trekkeurs urbains, c'est le bonheur parce que la ville réserve nombre de surprises et de découvertes comme la citadelle, la vieille ville, les mosquées, les souks, le quartier arménien (200 000 chrétiens vivent à Alep), les caravensérails, le musée archéologique, les fabriques de savons, la rue Baron, les échoppes de sandwiches de falafel ou de jus de fruits frais. Et au détour de chaque rue, c'est peut-être l'invitation à  boire le thé



Alep, c'est un désordre organisé. Et des fois, c'est vraiment le désordre ! Le patrimoine architectural y est laissé un peu à  l'abandon. Dans la vieille ville on rénove tout doucement. Il y a un nombre impressionnant de bâtiments riches architecturalement et historiquement, mais ils sont recouverts par une épaisse couche de poussière... de pollution. Les taxis jaunes qui tournent, souvent à  vide, sans cesse dans la ville donnent des couleurs aux artères. Les piétons se partagent la rue avec les voitures, et les trottoirs avec les commerces. Il y a beaucoup de monde dans les rues d'Alep.  




La citadelle d'Alep

Elle est vraiment imposante. Les reliques de St Georges s'y trouvent et attirent nombre de musulmans.



Ici, dans la citadelle, la porte du palais ayyoubide (dynastie fondée par Saladin - celui qui a repris Jérusalem aux Croisés), superbe en basalte noir et en calcaire blanc, date du XIIIème siècle.



Le patrimoine architectural

Ici, la cour d'un ancien hôpital psychiatrique du XIVème siècle transformé en musée de la Médecine et de la Science. Architecture typiquement allepine (période Mamelouk).



La Grande Mosquée

La Grande Mosquée d'Alep est une des plus belles de Syrie. On y trouve de nombreuses pierres de la cathédrale à la place de laquelle elle fut construite. A l'intérieur, les fidèles viennent prier devant les reliques de Saint-Zacharie.



Les souks

Les souks d'Alep sont vraiment étonnants à découvrir. C'est ici que l'on se rend compte à quel point les bazars d'Istanbul ne constituent plus qu'un univers surfait et touristique. A Alep, les souk sont authentiques, populaires et bien vivants. Ca grouille de monde dans tous les sens. Les petits camions, les montures, les charettes et les passants se croisent tant bien que mal dans d'étroites ruelles gorgées de marchandises. Dans la rue des boucheries, ça pue les tripes. Testicules, cervelles, poumons, foies et coeurs de vaches ou de moutons pendent aux crochets ou traînent sur les présentoirs. A chaque rue sa spécialité, ici ça sent le savon (d'Alep bien entendu) et le parfum, là-bas les épices, plus loin les fruits secs, les pneus, ou encore les pâtisseries, et un peu partout des mosquées, des cours de maisons, des madrasas (écoles coraniques) et des caravansérails où découvrir un commerce ou boire le thé. Les souks, avec la Grande Mosquée tout à coté, sont le centre économique et religieux de la ville.

Les souks sont un lieu très particulier ou l'on peut parfois se sentir oppressé par la masse de personnes qui y circule. C'est assez sale aussi... Enfin, à Alep, ce sont les hommes qui vendent. Les femmes elles, font les courses, et si certaines ne portent pas le voile, c'est qu'elles sont turques ou étrangères.




Savon d'Alep

A Alep, il est également possible de visiter les fabriques de son célèbre savon. Fabriqué de façon artisanale, avec de l'huile d'olive et d'essence de laurier, ce savon biologique est  l'ancêtre du savon de Marseille. Grâce à l'huile d'olive, ce savon est hydratant et adoucissant, il lave et nourrit la peau sans la dessécher, ni l'agresser. Quant à l'essence de laurier, symbole de la purification dans la tradition orientale, elle agit comme un antiseptique. Ce savon qui doit "mûrir" 9 mois en cave, ne subit aucun traitement chimique. Placé en copeaux dans les armoires et tiroirs, il est redoutable contre les mites. Enfin, c'est un excellent détachant pour le linge. Autant dire que c'est autre chose que ces saletés de savons, produits et shampoings que l'on nous fait acheter bien chers dans les grands magasins !!!
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Nasser

A Alep, nous avons fait quelques rencontres dont celle de Nasser, alias Victor (Nasser signifie "Victoire" en arabe). Nasser parle français parce qu'il  vit entre Alep où il est né et Nice. A Alep, il y a d'ailleurs pas mal de francophones, surtout dans le quartier arménien, ce qui facilite les contacts et les découvertes. Nasser nous a fait découvrir sa ville et nous a invité à manger "le meilleur sandwich-falafel" du Moyen-Orient"... rien que ça ! Nous voici en compagnie de Nasser dans la cour d'une maison arabe du XVIIème.


Alep la conservatrice...

A Alep, comme nous l'avons déjà dit, les moeurs sont loin d'être libérées. Nombreuses sont les femmes voilées de la tête aux pieds. Ainsi, si l'on en croit ce que l'on voit dans la rue, les femmes sont, ici, moins émancipées qu'ailleurs. Ce n'est pas toujours évident à gérer pour les étrangers, surtout pour les étrangères et toutes les autres femmes qui se baladent les cheveux au vent. La Syrie est un Etat laïque, le port du voile n'est donc pas une obligation légale. Dans le quartier arménien, les femmes sortent non voilées.

Mais par exemple, à Alep, monter dans un minibus est quelque fois toute une histoire parce que les femmes et les hommes ne doivent pas être assis l'un à côté de l'autre (sauf s'il s'agit du mari ou du frère de la femme), ainsi, quand un nouveau passager monte dans le minibus, on assiste souvent à un jeu de chaises musicales qui oblige la moitié des passagers à descendre pour recomposer le véhicule de manière correcte aux yeux des moeurs les plus conservatrices.  



A Alep, Cora, ici sur la photo avec Rafke, une hollandaise de Bruxelles avec qui nous avons fait un petit bout de voyage, doit carrément porter une cape pour visiter les mosquées. Le foulard ne suffit plus !



Quoiqu'il en soit, il faut savoir que la région d'Alep est la plus conservatrice de Syrie. Ainsi, à la côte et à Damas, les moeurs sont plus libérées et nombre de femmes sortent en ville sans voile. Ailleurs en Syrie, les mères conseillent également à leurs filles de ne pas épouser un Alépin parce qu'ils sont bien trop conservateurs !

Enfin, signalons qu'à Alep comme ailleurs, les filles sont à moitié à poil sur les chaînes de télévisions arabes et ça ne gène aucun homme... Femmes du monde unissez-vous !

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