jeudi 10 février 2011

Welcome to Sri Lanka

N'ayant pu obtenir le visa iranien pour prendre le train Damas-Téhéran, et éprouvant toutes les difficultés possible pour avoir le visa indien au Moyen-Orient, nous nous sommes finalement envolés d'Amman le 8 janvier pour le Sri Lanka où aucun visa n'est nécessaire et où il est facile de recevoir le visa indien.

Bienvenue donc en République démocratique socialiste du Sri Lanka. Cette île de l'océan indien, deux fois plus grande et deux fois plus peuplée que la Belgique est située au sud de l'Inde. Jusqu'en 1972, l'île était officiellement appelée Ceylan.


Bien que majoritairement habitée de Cinghalais bouddhistes, cette communauté se partage l'île avec, au nord et à l'est surtout, des Tamouls hindouistes. La constitution du pays reconnaît deux langues officielles, le cinghalais et le tamoul. On trouve aussi au Sri Lanka un nombre significatif de Chrétiens, surtout sur la côte ouest (héritage de la colonisation portuguaise, puis hollandaise et enfin anglaise), et de Musulmans.

La coexistence entre Cinghalais (78%) et Tamouls (14%) n'est pas facile. L'ancien colonisateur anglais n'y est pas étranger. Les Anglais ont favorisé la minorité tamoule et stimulé l'immigration des Tamouls indiens dans les plantations de thé sri lankaises. Après l'indépendance (1948), la majorité Cinghalaise au pouvoir organisa l'exclusion économique et politique de la communauté tamoule qui dès lors revendiquait un état fédéral, sinon l'indépendance de leurs régions. L'opposition, les affrontements et les violences toujours plus grandes entre les deux communautés ont finalement débouché sur une longue et dramatique guerre civile opposant essentiellement les Tigres tamouls aux forces gouvernementales. La guerre qui a duré une trentaine d'années, paralysant le pays et accaparant les ressources de l'Etat, a pris fin en mai 2009 avec la victoire de l'armée sri lankaise. Les circonstances de la fin de la guerre posent toujours question, l'armée n'ayant apparemment pas hésité à sacrifier nombre de civils tamouls...  



Quoiqu'il en soit, la population est heureuse d'avoir retrouvé la paix. Un peu partout dans le pays, des affiches et banderoles fêtent la fin de la guerre. Comme ci-dessus, on y voit souvent le président réélu et victorieux des Tigres tamouls (en haut a gauche), et un soldat dont la figure a été médiatisée pour son action héroïque durant la guerre (il était espion au sein des Tigres tamouls - en bas a droite).




Un billet de banque de 1000 roupies (7 €) a même été conçu pour commémorer la victoire. Au dos, on y voit des soldats hissant le drapeau sri lankais, et de face, le président... C'est tout de même étrange qu'un président en exercice se fasse représenter sur un billet de banque dans ce qui est considéré comme une démocratie. 

Si la guerre a accaparé le budget de l'état au détriment de l'éducation, de la santé et des transports en commun par exemple, le taux d'alphabétisation (95%) et l'espérance de vie (74 ans) des Sri lankais des deux sexes sont bien plus élevés que dans les pays voisins. A noter également, l'indice de fécondité du Sri Lanka est lui bien moins important que dans le reste de la région, ce qui est quand même une bonne chose. Ajoutons à cela un environnement naturel généreux en eau, en terres cultivables, en soleil et en pluies, en variétés de fruits et de légumes, le Sri Lanka pourrait vite faire penser à un petit paradis. De plus, la guerre, limitant le développement infrastructurel, a sans doute contribué à préserver les espaces verts du béton que l'on aime tant en Asie (et partout d'ailleurs). 

Pourtant Colombo, la capitale économique du pays (2 millions d'habitants) est une de ces horribles villes informes asiatiques. Ses bâtiments coloniaux et ses constructions de béton n'en peuvent plus de moisir au soleil. Le trafic insensé, la misère palpable, le bruit assourdissant, l'air noirci par les gaz d'échappement, les bidonvilles de taules et les banlieues sordides donnent à Colombo une apparence d'apocalypse. Obligés de s'y rendre plusieurs fois, nous ne pensions qu'à nous enfuir... Plus généralement au Sri Lanka, partout où s'invite l'urbanisation et le développement infrastructurel, on est replongé dans ce chaos et on veut fuir un peu plus loin... là où l'on arrive encore à respirer.

La guerre est finie, le gouvernement veut donc construire deux nouveaux aéroports internationaux, un nouveau port international (pour capter le trafic maritime qui passe au sud de l'île), des autoroutes et, surtout, développer toujours et encore plus le tourisme. Pourtant, le Sri Lanka est déjà très touristique. Sans doute trop. C'est même insupportable souvent ! Et puis, n'existe-il pas une autre voie que celle des solutions conjoncturelles, du développement par la croissance économique, de la construction béton, de la destruction des ressources naturelles et de l'occidentalisation des moeurs... Nous avons l'impression que bientôt, cela ne vaudra plus la peine de visiter ce beau pays qu'est le Sri Lanka. Il change vite... sans doute trop vite. Adieu île de rêve, tant pis pour tes habitants, bientôt toi aussi tu ne seras plus qu'un porte-avion habité d'hommes robots ne courant plus qu'après le temps et l'argent... des touristes !!! 

Haut les coeurs tout de même, nous vous emmenons à la découverte de cette superbe île.



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