dimanche 6 mars 2011

Le Tamil-Nadu

Bienvenue au Tamil-Nadu, « Pays-Tamoul » en tamoul, est un des 28 Etats de l’Union Indienne et se situe sur la façade est de la pointe du sous-continent. Il est le onzième Etat indien par la taille, s’étend sur plus de 130 000 km² et compte environ 62 500 000 d’habitants. Sa capitale est Chennai et il enclave le Territoire de Puducherry. Comme ceux des états voisins, les habitants du Tamil-Nadu parlent une langue dravidienne, en l’occurrence le tamoul, et une grande partie d’entre eux se revendique de culture dravidienne ou tamoule. 

La première impression que donne le Tamil-Nadu est d’être surpeuplé. Il faut dire que l’on y compte 480 habitants au km2. Les rues des grandes villes de l’Etat comme Chennai ou Madurai sont complètement bouchées. On ne peut y respirer et on s'y sent oppressé. La circulation y est insensée, il y fait noir de pollution, et les gens s’y bousculent en permanence. Mais un peu partout dans le Tamil-Nadu, le long des routes entre deux villes et dans les gros villages, une masse de gens stressés, nerveux et impatients se piétinent les uns les autres. Prendre un bus, c’est un peu partir à la guerre. On y monte en se faisant écraser, bousculer, frapper même. Il faut s’y tailler une place au coup de coude. Pour les filles, le combat est parfois d’un tout autre ordre. Elles doivent faire attention à leur fesses et à leurs seins. On comprend vite pourquoi les femmes ont obtenu des wagons séparés de ceux des hommes dans les trains. Pour sortir des bus, c’est encore pire. Descendre du bus s’avère parfois tout simplement impossible : les gens le prennent d’assaut pendant les manoeuvres, avant même qu’il n'ait atteint sa plateforme. Après tout ça, une douche et une lessive s'impose. Les cheveux sont noirs de pollution, c'est incroyable !



Partout la pollution est présente, même sur le bord des routes à la campagne, même à la montagne. A Chennai comme à Madurai, il y a des quartiers où le tableau est désastreux. Les maisons y tombent en miettes le long de fleuves catastrophiquement pollués ; les fleuves et leurs abords sont tout simplement une décharge à ciel ouvert. La promiscuité avec les vaches, les chèvres et les corbeaux fait peur. Sur les routes, des enfants font leurs besoins à côté des vaches qui font de même. Dans les fleuves, certains font caca à côté d’autres qui font leur lessive. Partout, les détritus noircis, huileux, gluants, puants, moisissants, jonchent le sol. Ici, les gens vivent dans les ordures, elles sont leur environnement. Ici, beaucoup de gens vivent comme des bêtes et beaucoup de bêtes vivent comme des gens. Ici, la misère que nous rappelle cette multitude de mendiants pauvres, pieux ou mutilés semble se vivre comme un mode de vie.



Le Tamil-Nadu c'est également des champs à perte de vue, une terre surexploitée qui semble se mourir. De plus, on construit partout et même à côté de ce qui, neuf, pourrit déjà ou de bâtiments dont la construction n'a pas été menée à son terme. Dans la montagne, la vie sauvage s'enfuit, la pression démographique ne laisse aucun répit.  




Le Tamil-Nadu, c'est aussi de la publicité à perte de vue en ville comme dans la nature, et du bruit, beaucoup de bruit partout et tout le temps. Le Tamil-Nadu c'est fatiguant !




Mais le Tamil-Nadu se distingue par son architecture religieuse et ses traditions.Le tamoul est une des langues les plus anciennes du monde. La situation de cet état, à la pointe sud de l'Inde, lui a également permis de conserver les fondements de la culture indienne, car c'est ici que la population dravidienne a reflué de 1600 à 1000 av. JC pour échapper à l'invasion aryenne. Le territoire a été gouverné par de grandes dynasties qui ont fait fleurir l'architecture et l'art hindou. Le Tamil-Nadu est d'une grande richesse culturelle. La ferveur religieuse y est grande. Les couleurs sont partout.  

A Mahâballipuram se trouve de très beaux temples. Ils sont les témoins de la civilisation des Palavas qui rayonna depuis le Tamil-Nadu vers Bali, Sumatra et le Cambodge entre le VIème et VIIIème siècle.




A Tanjavûr, le superbe temple hindou de Brihadishvara construit au Xème siecle par la dynastie Chola nous rappelle que cette ville de 215 000 habitants aujourd'hui, était en l'an 1000 la 15ème ville la plus peuplée du monde avec 90 000 habitants.




A l'entrée du temple, les pèlerins hindous se font bénir par un éléphant en échange d'un peu d'argent. Pauvre éléphant !



En Inde, qui dit tradition bien vivante, dit système de caste bien vivant ! A Tanjavûr comme à Madurai, ce sont les Brahmanes, membres de la caste la plus élevée, qui officient comme prêtres. Ici, dans le tamil-Nadu, le premier fils de chaque Brahmane est obligé de suivre le chemin de son père et d'assurer le rituel au temple. Il parait que les Brahmanes du temple vivent très bien... Ici, un jeune Brahmane à l'entrée d'une chapelle.

Il faut dire qu'un temple hindou est une vraie machine à fric !!! Dans une partie du temple, sous les yeux de tous, une trentaine de personnes passent leur temps à compter les pièces et les billets qu'on leur déverse en permanence... Il faut bien entretenir les monuments et payer les prêtres. Et comme le bon hindou est charitable, certains temples offrent les repas ! Voila qui devrait reéouir la cohorte de mendiants assise devant les portes du temple.




Quoiqu'il en soit, il faut dire que les temples sont vraiment impressionnants, surtout le temple Sri Meenakshi de Madurai. C'est l'un des plus saints de l'Inde. Les pèlerins hindous y viennent en nombre. Mais les énormes gopuram (tour d'entrée du temple) hérissés de centaines de statues colorées de divinités enchantent également les voyageurs et les touristes à la recherche de l'exotisme indien.


Dans le temple, la ferveur des prières, la beauté des statues et des colonnades finement ciselées, la lumière des bougies, la vivacité des peintures et des saris colorés des femmes venues se recueillir  font oublier pour un instant presque magique l'Inde chaotique du dehors et nous plongent directement dans l'ambiance de cette Inde mystérieuse, mystique et aux milles couleurs qui fait rêver l'Occident. 

Ici, des femmes s'assurent les bonnes grâces des dieux pour leur bébé...




La-bas, d'autres prient pour leur mari et pour leur couple...






Le temple est une ville dans la ville. On y prie, on y mange, on y discute, on s'y promène, on s'y repose...




Tout au long de la journée, les Brahmanes s'assurent du confort des dieux qui, comme les hommes prennent leurs repas, dorment en couple et se lavent le matin venu... Ici, Shiva s'en va rejoindre son épouse pour la nuit.





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