mardi 3 mai 2011

Varanasi...

S'il y a bien une cité mythique en Inde, c'est la ville sainte de Varanasi que beaucoup d'Européens connaissent mieux sous le nom de Benarès, et sans doute ne peut-on pas vraiment bien comprendre la société indienne et surtout l'hindouisme si l'on a pas visité cette ville.

Varanasi, c'est vraiment typique : c'est l'Inde comme on se l'imagine. Si la périphérie est bondée, moche, bruyante et polluée, la vieille ville où ne passent que quelques motos est belle à voir. Le centre de ce quartier offre en effet une ambiance sans pareil. Partout il y a des échoppes, des temples et des icônes pour le culte. Ces vieilles venelles font un peu penser aux vieilles villes du Moyen-Orient et ici aussi on se perd facilement dans ce labyrinthe de rues étroites et tortueuses où l'on passe son temps à prendre garde aux bouses de vaches, à éviter les bovidés et à se frayer un chemin parmi la foule de pèlerins drapés de blanc et de safran. A la tombée de la nuit, c'est une ambiance mystérieuse qui tombe sur la cité. Les lumières des feux et des bougies s'allument et peu à peu, tout en invoquant la protection des dieux sur leur échoppes, les commerçants ferment leur boutique selon un rituel magique emprunt de superstition.



A Varanasi, la tradition est omniprésente. Dans les rues, les basses castes sont chargées de ramasser bouses de vaches et détritus. On croise également beaucoup de Brahmanes, membres de la caste des prêtres, qui officient dans les temples, près du Gange et un peu partout pour vendre offrandes et icônes.

Varanasi brasse énormément de pèlerins hindous, on parle de 3 à 4 millions de pèlerins par an, énormément de touristes, beaucoup de routards et beaucoup d' "originaux" de toutes sortes, bobos, babas, alters, artistes, et beaucoup de personnes en quête d'une spiritualité plus vive ou tout simplement à la recherche d'eux-même. Si on ajoute à tout ce petit monde la cohorte de pauvres et d'estropiés qui viennent mendier à Varanasi, les personnes âgées ou malades venues mourir au bord du Gange et les centaines de Sadhus ; ces hommes qui ont renoncé à une vie classique pour se consacrer à la spiritualité (il y en aurait 5 millions en Inde) ça donne un peu l'impression qu'à Varanasi, c'est le carnaval tous les jours...



Côté verso, le lieu saint est aussi considéré comme une des villes les plus corrompues et mafieuses d'Inde. Le touriste n'y verra pas grand chose mais pour qui y vit, Varanasi est une vraie jungle. Les bandes s'y affrontent, le racket des commerçants s'y généralise, la prostitution infantile fait des ravages et la police est corrompue (comme un peu partout en Inde). Les viols sont monnaies courantes. Il arrive même que la femme (les Indiennes parce que les étrangères n'ont rien à craindre) qui va se plaindre au commissariat y subissent de nouvelles violences sexuelles ! A Varanasi, impossible de se promener une heure sans se voir proposer de la drogue. Le coup classique par exemple, c'est de vendre de l'herbe à un étranger et de le dénoncer à la police qui est dans le coup. L'étranger paie la police qui partage avec le dealer... Evidement, il n'y a rien de nouveau sous le soleil, ce genre de pratiques est répandue, mais dans une ville sainte...

Varanasi, c'est surtout le Gange qui rend la ville si importante. Il serait descendu sur terre depuis les cheveux de Shiva. Très pollué (et dégueulasse), le fleuve n'en est pas moins très pur pour les Hindous. C'est le fleuve sacré par excellence. Tout au long du Gange à Varanasi, sur environ 7 kilomètres, des marches descendent dans le fleuve : on les appelle les ghâts. Sur les ghâts, il y a toujours de l'animation. Les Hindous y font leurs ablutions rituelles seuls ou en groupe autour d'un guru. Les Indiens y font aussi leur lessive ou leur toilette. Les vêtements de toutes les couleurs sèchent au soleil tandis que les Sadhus mendient et que les enfants jouent. Les vaches y prennent leur bain, les touristes flânent, les chiens chassent les singes, les adolescents guident leur cerf-volant dans le ciel, les chèvres se battent, les barques partent et reviennent, les bobo-babas de tous horizons captent l'énergie qui se dégage de cet endroit si spécial et les familles en deuil brûlent leur mort.

En effet, de tous les ghâts, ce sont bien les feux réservés au crémation des défunts qui sont les plus impressionnants. Ca brûle nuit et jour. A Manikarnika Ghât, on dit que le feu ne s'est jamais éteint depuis plus de 3000 ans. Certains Indiens ne connaissent d'ailleurs la ville que sous un nom qui signifie "le feu qui ne s'arrête jamais". Si les Hindous viennent se faire incinérer au bord du Gange, c'est parce que cela libère l'âme du cycle infernal des réincarnations. Quoiqu'il en soit, voir les corps couverts de draps d'or plongés dans l'eau du fleuve, portés sur un bûcher puis brûlés est très impressionnant.
 



Enfin, Varanasi, c'est la Puja, c'est à dire la vénération des dieux accomplie par une offrande. La Puja est célébrée partout en Inde mais à Varanasi, chaque jour, début de soirée, elle donne lieu à un rituel important suivi par des centaines de fidèles. Le long du Gange, sur une esplanade, des Brahamanes récitent louanges en présentant eau, pétales de fleurs, bois de santal, encens et bougies au dieu honoré.



Beaucoup de gens viennent à Varanasi pour la spiritualité qui se dégage du lieu... Ce n'est pourtant pas si évident. Mais que l'on y trouve la spiritualité ou pas, une chose est certaine... Varanasi est vraiment un endroit hors du commun !


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